L'obésité, cause de discrimination au travail
Les personnes en surpoids ou obèses, femmes, hommes et enfants, subissent une discrimination vis-à-vis de leur poids dans de nombreuses situations. Cette grossophobie n’est pas nouvelle, mais devient un phénomène récurrent. Fort heureusement aussi, on en parle aussi davantage.
Stigmatisés dès l’enfance, à l’école et dans les études supérieures, les personnes obèses le sont aussi dans le cadre de leur prise en charge médicale, dans les médias et...au travail.
Au Canada par exemple, de nombreuses affaires portées devant les tribunaux impliquant une discrimination fondée sur le poids le sont dans le cadre du travail : discrimination à l’embauche, négociation salariale et promotion, le monde professionnel semble impitoyable.
Que dit la loi ? Quels recours avez-vous si vous avez l’impression d’avoir subi une discrimination au travail en raison de votre poids ?
Que dit la loi française en matière de discrimination sur le physique ?
En matière de discrimination à l’embauche, l'apparence physique constitue un critère interdit (depuis 2001 seulement !). Mais le fait d’être obèse n’est pas explicitement listé.
En vertu du Code du travail, il est prohibé tout traitement défavorable qui serait fondé sur l'apparence physique. Ce critère ne doit donc – en théorie – pas être pris en compte dans le choix du candidat, ni après, pendant la relation professionnelle.
Dans les faits, c’est plus complexe, car aucune clause n’est véritablement et spécifiquement prévue en cas de propos ou de comportements grossophobes.
Et surtout, des tels comportements sont bien souvent particulièrement difficiles à prouver.
Toutefois, des recours sont possibles :
- Selon l’article 225-1 du Code pénal, il est possible de déposer plainte auprès du procureur de la République, du commissariat de police, de la gendarmerie ou du doyen des juges d'instruction du tribunal de grande instance. Une amende pouvant aller jusqu’à 45 000 euros assortie ou non d’une peine de prison dont partie des sanctions.
- Si un salarié ou un candidat à un job pense avoir été victime de grossophobie, il peut déposer un recours devant le conseil de prud'hommes en vertu de l'article 1132-1 du Code du travail. Refus d’embauche, accès à un stage, sanctions..., l’objectif étant de faire annuler la mesure ou la décision fondée sur un motif discriminatoire, puis d’obtenir réparation du préjudice subi.
- Enfin, vous pouvez saisir le Défenseur des droits et faire une réclamation par téléphone, courrier et en ligne. C’est une procédure rapide, auxquelles pourtant peu de personnes victimes de discrimination mais aussi de harcèlement font appel.
Comment ces discriminations se manifestent-elles concrètement ?
Les personnes obèses peuvent aussi être victimes de discrimination de la part de leurs employeurs ou futurs employeurs.
En présence d’une personne obèse, un biais cognitif s’installe : elle est perçue comme faible, fainéante et manquant de discipline car incapable de maîtriser son poids ou de se motiver à maigrir.
Les employeurs s’imaginent également que leurs clients n’apprécieront pas d’avoir à traiter avec une personne grosse, cette dernière nuisant à leur image de marque.
En tête, les métiers de « représentation » (commercial ou accueil, par exemple) ou bien dans lesquels le personnel est amené à « séduire » et qui, de facto, seraient réservés uniquement à des candidat(e)s dont le physique est valorisé dans notre société : jeunes, beaux et...minces.
Seuls les métiers d’acteur et de mannequin peuvent exiger des critères physiques pour embaucher. Vendeur·euse, serveur·euse ou encore hôte·sse d’accueil ? C’est interdit !
Ces préjugés vont parfois encore plus loin, sur la base d’une discrimination d’ordre statistique : des employeurs anticipent même une productivité plus faible du fait du surpoids.
Les personnes obèses sont aussi traitées plus sévèrement et subissent également des pressions pour perdre du poids.
Fait étonnant, en France, le poids (et la taille) sont les raisons de discrimination – allant de la moquerie au refus d’un droit élémentaire – les plus souvent mis en avant par celles et ceux qui les subissent et ce devant le sexe, l’âge ou l’origine.
Obésité et discrimination au travail : les femmes davantage touchées
Les femmes obèses subissent une double peine.
Elles sont davantage discriminées et vont faire les frais de commentaires tout à la fois sexistes – auxquels elles ont régulièrement droit même en étant mince – et sur leur poids.
Selon une étude de l’Insee, le poids influerait bel et bien de façon négative sur la probabilité d’être employé.e, et ce, uniquement chez les femmes.
Selon une autre étude sur la perception des discriminations dans l’emploi publié par le Défenseur du droit et l'organisation internationale du travail publiée (OIT), une femme obèse à 8 fois moins de chance d’être embauchée qu’une femme avec un IMC normal.
Pour un homme en surpoids ? Seulement trois fois moins.
Conclusion
Les préjugés sur les personnes obèses les impactent non seulement à l’embauche, mais également après et pendant leur expérience professionnelle.
Négociation salariale, promotions et évolution professionnelle, etc., ces comportements discriminatoires ont des répercussions bien réelles sur leur carrière de manière globale et sur le salaire qu’ils ou elles perçoivent. Les femmes sont aussi encore plus atteintes par ces discriminations dans le cadre du travail.
L’obésité est une maladie complexe, aux causes imbriquées et multiples à la fois héréditaires, métaboliques, psychologiques, comportementales mais aussi de facteurs externes, directs et indirects.
Si son traitement est tout aussi complexe, cette maladie ne devrait en aucun cas être à l’origine d’une discrimination au travail.
Sources :
https://obesitycanada.ca/weight-bias/unfit-for-work-weight-discriminati…
Obésité et marché du travail : les impacts de la corpulence sur l’emploi et le salaire
CIDJ
https://start.lesechos.fr/travailler-mieux/vie-entreprise/lobese-nest-p…
Jabbour 2013
