Grossophobie : Comment faire face à la discrimination sociale envers les personnes obèses ?
Pour la première fois en France, une journée a été consacrée à la lutte contre la grossophobie, le 15 décembre 2017. Parce que la discrimination ne concerne pas uniquement les origines sociales et culturelles, le « racisme anti gros » est un mal qui ronge, dans le plus grand silence, des milliers de personnes souffrant d'obésité. Alors, qu'est-ce que la grossophobie ? D'où vient cette haine des personnes en surpoids ? Et comment faire face à cette discrimination sociale bien présente dans notre pays ?
La grossophobie, qu’est-ce que c’est ?
La grossophobie est une discrimination sociale envers toutes les personnes en surpoids. Il s'agit, en quelque sorte, d'un « racisme vis-à-vis des gros », qui a lieu à la fois sur le plan personnel ou professionnel. La grossophobie envahit toutes sortes de milieux, tant sur le lieu de travail que dans l’univers médical. Bon nombre de personnes obèses témoignent de propos assez violents et culpabilisants de la part de certains praticiens. Entre humiliations, moqueries, difficultés pour être recruté, violences ordinaires… La grossophobie est une discrimination qui fait malheureusement partie intégrante de la vie de la plupart des personnes en obésité.
Les deux formes de grossophobie
La grossophobie systémique
La grossophobie systémique est une discrimination indirecte, induite par des équipements non adaptés dans notre société. Elle peut, par exemple, se manifester dans le milieu médical. Vous ne le savez peut-être pas mais les ambulances classiques ne prennent pas en charge les patients au-dessus de 130 kg. Les personnes souffrant d'obésité doivent donc contacter un service d'ambulances bariatriques, mais tous les départements n'en sont pas équipés. De même, les lits d'hôpitaux sont limités à 110 kg, tout comme les tables d'opération. Les difficultés sont également présentes dans les lieux publics. La présence d'accoudoirs entre les sièges des transports en commun ou au cinéma exclue les gens obèses. Certains patients souffrant d'obésité se sont même vu facturer deux billets d'avion pour voyager !
La grossophobie ordinaire
À ces différentes humiliations s'ajoute également la grossophobie ordinaire. Ce phénomène résulte moins d'un problème purement technique mais se rattache davantage au comportement humain. La grossophobie ordinaire provient de toutes les personnes que l'on croise au quotidien et qui se permettent d'insulter ou d'humilier gratuitement les gens en surpoids. Elle est incontestablement la forme la plus violente de grossophobie, et la plus lourde à gérer pour la victime.
Les conséquences de la grossophobie
La grossophobie a de lourdes conséquences sur les personnes qui la subissent. En général, elle entraîne peu à peu leur désocialisation et leur repli sur elle-même. Souffrant du regard des autres, les personnes en surpoids peinent de plus en plus à sortir de chez elles et se coupent totalement du monde.
Lorsque la discrimination vient du milieu médical, cela peut aussi avoir de graves répercussions sur leur santé. Certaines victimes de grossophobie ne parviennent même plus à consulter un médecin par honte de leur corps. Pourtant, le surpoids augmente les risques de pathologies. En se coupant du milieu médical et des circuits de dépistage, la personne obèse se met en danger et prend le risque que la détection d'une maladie arrive plus tardivement. À titre d'exemple, la proportion de femmes obèses se faisant faire une mammographie est 20 % inférieure à celle des femmes d’IMC standard.
Enfin, par peur d'être jugées, les personnes en surpoids ne vont plus à la piscine ou dans les salles de sport. Cela ne fait qu’augmenter leur sédentarité, réduire leur activité physique et aggraver leurs problèmes.
Comment faire face à cette discrimination ?
Pour lutter contre la grossophobie, il est indispensable de faire évoluer les mentalités. Telle est d'ailleurs l'ambition de la journée de la lutte contre la grossophobie, organisée par la Mairie de Paris. À cette occasion, 1200 affiches ont été placardées dans toute la capitale, ainsi que 50 000 cartes postales, distribuées dans les différentes mairies d'arrondissement de la ville. Les professionnels de santé, quant à eux, ont reçu une formation spécifique concernant les discriminations physiques.
Pour lutter à votre échelle contre cette forme d'inégalité, commencez par bien vous informer sur ce qu'est l'obésité. Dans l'inconscient collectif, l'obésité est liée à une négligence plutôt qu'à une maladie. Elle résulte d'une mauvaise alimentation et d'un manque d'activité physique. Ce préjugé est loin d'être fondé et l'obésité peut provenir d'une multitude de facteurs différents. Nous ne sommes pas tous égaux face au surpoids et l'obésité est d'ailleurs considérée comme une maladie à part entière. Se moquer d'un obèse revient donc à humilier un malade…
Si vous êtes en surpoids, tachez aussi de vous éloigner des clichés et établissez une liste de personnalités rondes à l'influence positive. Même si les mentalités tendent à changer, les personnes en surpoids ont longtemps été associées (dans les médias, au cinéma ou au théâtre) à des personnages laids, bêtes, jaloux ou méchants. Fort heureusement, il n'y a aucun lien de corrélation entre ces vilains défauts et l’IMC ! Cherchez bien et vous n'aurez aucun mal à trouver des exemples de journalistes, d'acteurs, d'écrivains ou tout autre personnalité en surpoids débordant de qualités !
Enfin, parce que la grossophobie n'a absolument rien de drôle, ne vous forcez plus un rire aux blagues contre les gros. Combattez cette discrimination à votre niveau, en étant à l'écoute des personnes qui en ont besoin. Si chacun fait un pas en ce sens, les mentalités collectives évoluent.