Aspartame, acésulfame K, les "faux sucres" sont-ils dangereux pour la santé ?
Le goût sucré sans aucune calorie ? C’est bien l’objectif des édulcorants, utilisés par certaines personnes afin de garder un poids stable et même favoriser une perte de poids, en limitant leurs apports en saccharose.
Par exemple, une canette de soda « classique » contient environ 150 calories, presque toutes provenant du sucre. La même quantité de soda avec édulcorants (ou « light ») : zéro calorie. Le choix semble évident !
Aux Etats-Unis, l'American Heart Association (AHA) et l'American Diabetes Association (ADA) sont d’accord : l'utilisation d'édulcorants artificiels à la place du sucre serait un bon moyen de lutter contre l'obésité et le diabète, tous facteurs de risque de maladie cardiaque.
Pourtant, les scientifiques s’affrontent et leur innocuité est régulièrement – et récemment – remise en question par des études.
Alors, les faux sucres sont-ils dangereux pour la santé ? Pourquoi en consommer et pourquoi ne pas en consommer ?
Qu’est-ce qu’un édulcorant ou « faux sucre » ?
Les édulcorants artificiels sont des produits chimiques ajoutés à certains aliments et boissons pour leur donner un goût sucré...sans avoir besoin d’y mettre du sucre (ou saccharose).
Ces édulcorants dits « intenses » procurent un goût similaire à celui du sucre de table, mais leur pouvoir sucrant est parfois de 100 à 600 fois plus fort que celui du sucre.
On les retrouve dans les sodas, les produits alimentaires estampillés “allégés” ou “light” ou “zéro calories” ou encore “zéro sucre”.
Les différents types d’édulcorants
- Les édulcorants traditionnels
Ce sont principalement les sucres simples : saccharose, glucose ou fructose.
- Les édulcorants de masse
Appartenant à la catégorie des additifs, ils sont aussi appelés agents de charge : les polyols (notamment le maltitol soit E965, qu’on retrouve beaucoup dans les produits diététiques ou les chocolats « allégés », qui a le même pouvoir sucrant que le sucre mais qui est moitié moins calorique), les polysaccharides (polydextrose)...
- Les édulcorants intenses
Ils sont dits « intenses » car ils ont un pouvoir sucrant très supérieur à 1 (entre 100 et 600 !). Ce sont aussi des additifs alimentaires. Compte tenu de ce gigantesque pouvoir sucrant, ils sont employés à de faibles doses et donc sont très peu caloriques.
Parmi eux : l’aspartame, l’acésulfame K, la sucralose ou encore la stévia, un édulcorant d’origine naturelle (glycosides de stéviols) utilisé depuis de nombreuses années chez les peuples d'Amérique du Sud pour sucrer le maté.
Pourquoi consommer – ou non – des « faux sucres » ?
La raison pour laquelle on se tourne vers les « faux sucres » est pour limiter son apport calorique, maintenir un poids stable, et perdre du poids.
Également, ils représentent des substituts au sucre classique pour les personnes diabétiques évitant ainsi un pic de glycémie. Toutefois, il n’y a pas de bénéfice réel sur la sensibilité à l’insuline.
On peut penser qu’il suffirait de réduire sa consommation de sucre, mais, pour les personnes qui y sont habituées, ce n’est pas si facile. Une consommation de sucre chronique, répétée dans le temps, génère en général une envie de consommer très forte et quasi irrépressible. En agissant au niveau du cerveau et des mécanismes de plaisir/récompense – tout comme la drogue –, le sucre devient addictif.
Aussi les faux sucres sont-ils un bon moyen de garder le plaisir des aliments sucrés tout en limitant l’apport en calories ? Certaines études le montrent, mais d’autres viennent les contredire arguant qu’en consommer serait contre-productif.
Une récente étude₁, indique que la saccharine augmenterait même la prise de poids comparée aux autres édulcorants et que le sucralose serait le seul édulcorant – parmi 4 testés – associé à une perte de poids chez les personnes en surpoids ou obèses.
En outre, consommer des « faux sucres » ne nous entraîne absolument pas à nous passer de cette sensation sucrée !
Un grand nombre d’édulcorants utilisés par les industriels sont autorisés en France, et seraient donc sans danger pour la santé. Pourtant, cette innocuité est très remise en cause comme le montre une récente étude de l’INSERM.
Faux sucres et cancer
Publiée récemment dans le magazine PLOS₂, les chercheurs de l’INSERM ont analysé les données de santé et de consommation d’édulcorants de 102 865 adultes Français et Françaises. Les résultats de ces analyses statistiques suggèrent un lien entre la consommation d’édulcorants et un risque accru de cancer. Une étude à grande échelle qui met en évidence le lien en divers types de cancers – mais davantage pour le cancer du sein et de l’obésité – et la consommation régulière d’édulcorants, en particulier l’aspartame et l’acésulfame-K (les plus utilisés par les industriels).
Faux sucres et microbiote
Certaines études₃ pointeraient les effets délétères des édulcorants sur le microbiote intestinal : saccharine, sucralose et aspartame rendraient les bactéries naturellement présentes dans notre intestin pathogènes. Saines, elles deviennent dangereuses pour notre intestin. Or des études montrent₄ qu'il existe un lien entre la pauvreté en certaines bactéries intestinales et l'obésité.
Alors, faut-il avoir peur de consommer des « faux sucres » ?
On sait que la surconsommation de sucre est mauvaise pour la santé et à l’origine du développement de pathologies telles que l’obésité et le diabète.
Toutefois, les édulcorants ne sont pas des solutions miracles ! Ils ne peuvent à eux seuls être la raison d’une perte de poids. Une perte de poids durable s’effectue dans le cadre d’un programme d’amincissement global, complet et personnalisé.
Les édulcorants sont aussi des additifs – autrement dits ils n'apportent pas strictement au niveau nutritionnel –, et leur présence dans la composition des produits est même parfois inutile ! On les retrouve principalement dans les produits transformés et ultra transformés : des aliments pauvres en nutriments, en fibres et en minéraux.
Ainsi, l'utilisation intelligente d'édulcorants non nutritifs peut vous aider à réduire les sucres ajoutés dans votre alimentation, réduisant ainsi le nombre de calories que vous consommez mais aussi la quantité de glucides si vous êtes diabétique.
Peur des faux sucres ? Non. Mais les consommer avec modération, oui.
Les alternatives au sucre et aux « faux sucres »
Se désintoxiquer du sucre est possible ! Graduellement, en prenant le temps de cuisiner, en sucrant de moins en moins son café ou son thé et en privilégiant les aliments bruts, frais et non transformés. Pour cela, apprenez à lire les étiquettes !
Enfin, il existe des alternatives au sucre et aux faux sucres, car il ne faut pas oublier de se faire plaisir :
- Le miel, par exemple : s’il doit compter dans l’apport journalier de glucides et donc être consommé avec modération chez les diabétiques, c’est une alternative naturelle au sucre, riche en antioxydants. Préférez-le local ou artisanal.
- Le sucre de coco : avec son indice glycémique bas, il est aussi riche en antioxydants et en vitamines B1, B2, B3 et B6.
- Le sirop d’agave, riche en minéraux.
Des choix plus sains, plus naturels, pour donner à votre corps ce dont il a réellement besoin.
Sources
₁.https://academic.oup.com/ajcn/article/109/5/1288/5475055?login=false#.X…
₂.https://presse.inserm.fr/la-consommation-dedulcorants-serait-associee-a…
₃.https://www.mdpi.com/1422-0067/22/10/5228
₄.https://www.pileje.fr/revue-sante/microbiote-intestinal-obesite