La génétique peut-elle influer sur l’obésité ?

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Actualité
05/10/2021

L'obésité est une pathologie extrêmement complexe influencée par divers facteurs, dont l’environnement (généralisation de la malbouffe, perturbateurs  endocriniens...), les comportements (sédentarité, habitudes alimentaires), prise de médicaments mais également l’historique familial et la génétique.

Nous sommes plus ou moins tous confrontés à ces facteurs dits “obésogènes”, néanmoins nous ne sommes pas tous obèses. La génétique, l’épigénétique et l’hérédité joueraient donc un rôle dans le développement ou non de la maladie, et prédisposeraient certaines personnes plus que d’autres.

Qu’est-ce que l’obésité ?

Il s’agit d’un déséquilibre entre les apports énergétiques, alors considérés comme excessifs, et la dépense calorique, insuffisante. Cela se traduit par une accumulation du tissu adipeux dans l’organisme qui conduit à des problèmes de santé plus ou moins graves. L’obésité est aujourd’hui un facteur de risque majeur dans le développement de maladies cardiovasculaires, du diabète de type 2, de l’arthrose, de certains cancers. En outre, elle a un impact social (les personnes obèses sont plus facilement marginalisées et stigmatisées) et psychologique négatif sur les individus qui en souffrent. De nombreux troubles psychiques, dont la dépression, sont associés à la maladie, et forment des cercles vicieux.

Obésité et génétique : une prédisposition

L’évolution et les progrès de la science, poussés par le défi que représente la prévention de l’obésité, aujourd’hui 5ème cause de décès dans le monde, ont permis d’identifier de nombreux gènes influençant l’apparence des individus, notamment en ce qui concerne l'obésité sévère à début précoce.

Une très récente étude* réalisée sur de vrais jumeaux à l'Université d'Helsinki a souhaité analyser les effets de l'obésité sur le métabolisme et l'expression des gènes, dans les tissus musculaires et adipeux. Les résultats de cette recherche ont indiqué que les mécanismes responsables de la gestion de l'énergie (au niveau des mitochondries, sorte de “centrales énergétiques” des cellules) dans les tissus adipeux fonctionnent mal chez les personnes obèses. C’est également le cas des muscles, mais dans une moindre mesure.

Une autre étude Allemande, également réalisée sur de vrais jumeaux, a démontré “des niveaux d’expression du gène TRIM28 et des autres gènes d’emprunte parentale diminués chez les enfants obèses”.

Plus généralement, on sait que des modifications de la séquence d’ADN vont augmenter le risque de prendre progressivement du poids et de devenir obèse, car elles influent sur le fonctionnement même des gènes. Ainsi, selon votre profil génétique, le risque de développer la maladie dans sa forme commune (95% des malades) est plus fort, de l’ordre de 3 à 4**. Ces gènes sont le plus souvent actifs au niveau du cerveau et notamment au niveau des mécanismes de récompense, et donc d’addiction.

L’obésité commune serait donc “une maladie des centres régulateurs du poids avec une forte prédisposition génétique dont l’expression est modulée par les facteurs de l’environnement (mode de vie, manque de sommeil, facteurs épigénétiques, etc.)”***. En l’occurrence, il y aurait bien des prédispositions à devenir obèse que certains facteurs, à la fois sociétaux, psychologiques et épigénétiques révèleraient ou aggraveraient, et ce, dès le plus jeune âge.

L'obésité monogénique, une forme rare d’obésité qui affecte un seul gène

Plusieurs formes rares d'obésité (ne touchant pas plus de 5% des personnes malades) résultent de mutations sur des gènes uniques, ou mutations monogéniques, notamment sur ceux qui jouent un rôle dans le contrôle de l'appétit. La sensation de faim est donc très importante, voire irrépressible, entrainant de facto une prise de poids qui mène à l’obésité.

Mieux comprendre l'obésité pour mieux la traiter

L’obésité, nous le savons, est une pathologie chronique très complexe. Si des prises en charge globales existent pour y remédier - allant de traitements médicamenteux à la chirurgie en passant par la psychothérapie - mieux comprendre la maladie et ses contributions génétiques ainsi que les interactions entre les gènes et l’environnement permettront de mieux prévenir et lutter contre l’obésité.

Cela permettrait sans doute d’aboutir à des stratégies prometteuses pour la prévention et le traitement de l'obésité commune.

Toutefois, même si les recherches sont très actives sur le sujet, la contribution des gènes dans le développement ou non de l’obésité reste faible en comparaison avec la contribution de notre environnement et nos comportements.

Les gènes peuvent co-déterminer qui devient obèse, mais notre environnement détermine combien de personnes deviennent obèses”, explique un chercheur dans une étude de 2011****.

Aussi les efforts de dépistage et de prévention de l’obésité doivent-ils résolument se concentrer sur le changement de notre environnement et de nos habitudes, dès le plus jeune âge (l’obésité infantile se mondialisant et augmentant), car ils sont déterminants. La HAS (Haute Autorité de Santé) alerte : la probabilité qu’un enfant obèse le reste à l’âge adulte varie – selon les études – de 20 à 50 % avant la puberté, et de 50 à 70 % après la puberté, avec les risques sanitaires que cela engendre.

Et pour les personnes obèses, des prises en charge globales et pluridisciplinaire avec un suivi sur le long terme sont le gage de la réussite.

La nutrigénomique, une réponse à l’obésité ?

On le sait, l’alimentation joue un rôle essentiel sur notre santé. Une alimentation saine, riche en vitamines, minéraux et nutriments essentiels participe, sur le long terme, à nous maintenir en bonne santé, à booster notre système immunitaire et même à prévenir certaines maladies.

A l’heure de la malbouffe et des changements profonds de nos modes de vie dont on sait l’impact sur le nombre de personnes touchées par l’obésité, la nutrigénomique décide de se concentrer sur l’interaction entre le génome et les nutriments apportés par la nourriture.

L’idée de cette science encore naissante consiste à réaliser des régimes ultra-personnalisés en fonction de nos gènes et ainsi améliorer notre santé.

A suivre... !

 

* https://www.cell.com/cell-reports-medicine/fulltext/S2666-3791(21)00042-2?_returnURL=https%3A%2F%2Flinkinghub.elsevier.com%2Fretrieve%2Fpii%2FS2666379121000422%3Fshowall%3Dtrue

** https://theconversation.com/quand-il-est-mute-ce-gene-rend-obese-et-diabetique-126861

*** https://www.larevuedupraticien.fr/article/genetique-et-epigenetique-de-lobesite-les-pistes-pour-comprendre

**** https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22069377/

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